Sarkozy s’épanouit en président autoritaire

Deux jours que Sarkozy a lancé son dernier pavé, alors que monsieur devrait focaliser ses gesticulations sur le maintien des digues concernant la crise économique et sociale en court, celui-ci a décidé de profiter de la situation de choc générale pour ouvrir un autre front… Il propose donc au sein de la réforme de la justice en cours de supprimer le rôle des juges d’instruction. L’ensemble du discours est lisible en ligne, affligeant mélange de populisme, de références déplacées et avec une constance cynique à désacraliser tout ce qui pourrait empêcher son règne.
La justice est loin d’être un domaine que je connais sur le bout des doigts et j’ai beau suivre autant que possible la réforme de la justice, je n’ai pas tous les éléments pour établir un avis original et argumenté avec autant de brio que ne l’ont fait Le Chafouin, Jules de Diner’s room ou bien entendu Maître Eolas, que je vous invite donc à lire expressément pour mesurer la valeur symbolique et factuelle de la dernière saillie présidentielle.

Essayons d’être concis pour ceux qui seraient découragé par la lecture des liens ci-dessus, je pourrais résumer l’affaire de la sorte : le juge d’instruction en France mène les enquêtes les plus sensibles nécessitant un travail approfondie (crimes les plus graves, affaire financière, terrorisme etc…) en établissant la liste des preuves a charge et a décharge de manière indépendante et en faisant respecter le droit des inculpés et des plaignants. Sarkozy propose donc de leur donner un rôle de contrôle uniquement sur la procédure d’enquête et implicitement suggère que l’enquête soit remise au parquet qui lui n’est pas indépendant vis a vis de l’État. Ainsi nombres de poursuites judiciaires impliquant des personnalités politiques ou patronales pourraient être menées de manière partiale par un parquet subissant la pression de l’État.
Au delà de ce coup de pied ferme et précis à l’organisation institutionnelle de la France, faisant reposer la démocratie sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire (rien que cela), on peut observer dans la médiatisation du propos la dérive autoritaire de l’omni-président. Jetons donc un œil sur cette perle:

Alors certes, cet extrait donne de quoi s’interroger sur l’oubli de mentionner précisément la position de Mr Herzog qui n’est autre que l’avocat de Mr Sarkozy. Il semblerait que France2 soit sur une pente glissante concernant leur reportages ces derniers temps…

Mais cette interrogation (sic…) n’est elle pas levée directement par l’introduction même de Pujadas qui utilise le terme d’omni-président car il y serait désormais autorisé par la banalisation du terme au sein des médias. Il me semblait que le terme omni-président était largement utilisé dans un contexte ironique et visant à appuyer la critique à l’encontre de l’agitation incontrôlée de Sarkozy. Mais non Pujadas en une simple phrase retourne la situation et interprète en bon héraut de l’ORTF 2009 ce terme comme un terme consacré. Il annonce donc au JT de F2 , l’un des moments télévisuels les plus regardés, la consécration de Sarkozy comme Omni-Président.

Assisterons-nous bientôt à la consécration officielle par notre très Saint Père de l’Omni-Président en tenue d’Empereur Européen le tout sous les commentaires extrêmement modérés et neutres de Christophe Barbier , rédacteur en chef omni-chiant du journal l’express ?

Je passerai sur le ton du reportage qui utilise une réthorique laissant croire au spectateur (sûrement à juste titre) que la suppression du juge d’instruction est désormais irrévocable: aucun emploi du conditionnel, on parle même de volonté du président…

En moins de deux ans, Sarkozy aura réussi à modifier plus profondément les instruments du pouvoir que si nous avions déclaré le passage a une VI ème République. La dérive concernant l’équilibre des pouvoirs est indéfendable que ce soit sur la réforme du service publique télévisuelle, la réforme de la Justice, la présence d’un parlement à ses ordres ne faisant plus que discuter les propositions de lois du président ou la seule opposition vient de ses propres courtisans. Couronnez cela d’un peu de népotisme en plus et nous voilà vraiment dans la dérive monarchiste que Joffrin soulevait: Sarkozy n’est sûrement pas le fils de Chirac, mais il ne fait aucun doute que Jean soit le fils de Nicolas.

6 thoughts on “Sarkozy s’épanouit en président autoritaire”

  1. Arf ô combien d’acccord avec tout ça… Je pense que la prochaine étape de l’omnipotence est la nomination de Jean au poste de Fillon ! je vais du reste lancer une pétition dans ce sens ! Place aux jeunes que diable !!!!

  2. règne de la peur et de la déraison, voilà où en est la france aujourd’hui (pas de grand F pour notre pays, c’est clair !.
    D’autant que cette mesure s’ajoute aux autres … innombrables … Y a aussi de quoi dire avec les comparutions immédiates .. Faudrait voir avec le petit robert si il est possible de changer le sens du mot justice … c’est sûrement en prévision !!
    les “pauvres cons ” n’ont plus qu’a aller voté ! avant que ce droit soit, lui aussi, réformé !! ce qui, il faut bien l’avouer , nous pend clairement au nez ..
    Désolation, chao judiciaire, économique, humain …. que peut on envisagé de plus … il va trouver, après tout nous revoilà dans l’otan, ça laisse rêveur .. hein !?? !!
    Mais bon parait qu’il faut rester positif, alors allons consommer pour oublier !!

  3. Je pense que Sarko n’a pas très bien compris la politique qui mène, donner aux riches il joue en bourse, on envoie aujourd’hui pleinement les conséquences.

    Il devrait surtout donner à ce qui ont besoin d’argent, qui seront menées à le dépenser et donc à relancer l’économie, car la classe moyenne n’a pas trop les moyens de capitaliser son argent.

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