A la vieille de la grève générale en France prévue pour jeudi 29 janvier, je m’interrogeais sur la couverture médiatique qu’en ferais les médias américains. D’habitude le contexte des revendications syndicales rend la chose très formelle. Mais hier, l’intérêt des journaux fut légèrement différent en raison du contexte de la crise, et car il s’agit d’une grève générale et politique adressée directement a l’ensemble de la politique du gouvernement. J’ai donc sélectionné quelques extraits pour retranscrire la perception de la grève outre atlantique :
Sur CNN (lien):
On s’attarde surtout ici à l’impact de la grève sur les transports publics. L’article nuance le succès de la grève en parlant des perturbations limitées, mais ils soulignent le calme générale de la manifestations en citant les chiffres que tout le monde connait déjà concernant la participation
“A day of strikes dubbed “Black Thursday” in France looked more like “Gray Thursday,” with officials reporting a mixed impact across the country. Union officials said 2.5 million people demonstrated across the country, while the Ministry of the Interior put the number at one million. No arrests or violence were reported, Paris police said.”
On appréciera le résumé claire a propos des raisons de cette grève :
“Specifically, workers are anxious about a range of problems, including low salaries, poor buying power and job insecurity. Their collective strike action challenges the way the French government has handled the economic crisis. Unions complain that the government has spent billions to bail out banks and the auto industry while allowing little of that money to filter down to workers.”
Globalement le traitement est équitable, impartial et relate des faits en les étayant d’un suivi concernant le service minimum mis en place.
Sur le Washington Post (lien):
Sur un ton un peu plus engagé, le journal expose les raisons de la grève de manière plus partial stigmatisant la politique de Sarkozy comme privilégiant les entreprises. Le journaliste insiste sur le fait que cette manifestation soit la plus importante ayant eut lieu en Europe depuis le début de la crise et fait le parallèle avec la crainte d’un glissement vers des émeutes semblables à celles qui ont eut lieu en Grèce au mois de Décembre.
“More than a million French workers staged a general strike and marched in massive protests around the country Thursday to vent their anger over the global economic crisis and denounce President Nicolas Sarkozy’s business-friendly approach to containing the damage.
The popular outcry, organized by France’s eight main labor unions and endorsed by the Socialist and other left-wing parties, marked Western Europe’s largest protest to date against the financial turmoil that began on Wall Street in September and has since infected markets and paralyzed economies worldwide.
Recalling a long tradition of taking to the streets in times of trouble, however, the outpouring heightened concern among officials in Paris that Europe’s economic contraction could lead to political unrest here similar to the wave of violent protests that shook Greece in December. “
Les militants PS supporters de Martine Aubry n’apprécieront peut être pas toutefois les citations tronquées de la part du WP qui ne mettent franchement pas ses talents en avant, la réduisant à un discours dignes d’un collégien peu concerné par le sujet :
“This country is too unjust,” said Socialist Party leader Martine Aubry, who hailed the marchers in Paris from the sidelines. Sarkozy “doesn’t listen to anyone,” she said. “He thinks he is right on everything.”
Sur FoxNews.com (lien):
Là forcement le tableau est dépeint de manière plus sombre, on parle d’un blocage important des transports avec des retards très importants et des employés, bravant le froid extrême à vélo ou à pied pour rejoindre leur lieu de travail, voir même en bateau (haha).
Commuters in Paris braved freezing temperatures and biked, walked and even took boats to work, as trains were idled by the strike and stations stood empty. But a 2007 law ensuring minimal transport service meant that some subways, buses and suburban rail lines still had to operate — and those that did were stuffed to the gills. Delays were considerable.
Il est intéressant de lire l’amalgame qui est fait entre la grève et les émeutes de 2005. Probablement car il s’agit du seul point d’ancrage dans la mémoire des lecteurs de FoxNews. Parallèle grotesque entre des émeutes résultantes d’une bavure policière sur fond de provocation du ministre de l’intérieur et une grève générale sur fond de crise économique.
One of the government’s big worries is to ensure that Thursday’s labor unrest does is not transformed into a wider social protest such as that inflamed French suburbs in the fall of 2005.
Sur le New-York Times (lien):
Ce fut le seul quotidien important à rapporter la grève la veille dans son édition internationale, le Herald Tribune.
Il s’agit probablement du traitement le plus clair et qui caricature le moins le contexte, évidemment deux articles valent mieux qu’un pour développer un sujet. On y parle du plan de relance alternatif venant d’Aubry, ou encore des provocations de l’UMP à l’égard des mouvements sociaux :
The leader of the opposition Socialists, Martine Aubry, has proposed an alternative €50 billion plan aimed at providing cash to lower-income workers, helping smaller companies and sharply increasing spending on public housing. On Tuesday, her party sought to censure Sarkozy’s government in Parliament for its economic policies, the second no-confidence vote Sarkozy has faced since being elected in 2007. The maneuver failed, predictably, as Sarkozy’s UMP party holds an absolute majority in the body.
Sarkozy has sought to defuse the tensions, saying Tuesday that he understood the public’s difficulties but that nonetheless he could not “stop the movement of reforms.”
In what the unions took as a challenge, Sarkozy proclaimed in July that the country was changing rapidly, and that “from now on, when there is a strike in France, no one will notice it.” Jean-François Copé, the head of Sarkozy’s UMP party in the lower house of Parliament, conceded on RTL radio Wednesday that “tomorrow we’ll notice it.”
L’article écrit après le déroulement de la grève est lui plus “américanisé” et se fait bien plus la voix du gouvernement en place, comme c’est l’habitude du NY Times. On parle d’une grève dont la participation est venu majoritairement du secteur public. Le journal s’avance en suggérant que les français désirent voir une présidence calquant ses réformes sur celles d’Obama :) :
But many of the demonstrators Thursday were calling for an “Obama-style” plan aimed at stimulating consumer spending and the president’s determination to reduce the number of permanent public sector jobs, especially in the schools, has hit a nerve.
Il sera désormais intéressant de voir si la grève vient a être reconduite de quelle manière chacun de ses médias se diviseront sur l’interprétation des mouvements sociaux, si mouvements il y a.
Excellente idée que de voir la France depuis l’étranger, car effectivement chez nous censure et partisianisme règne en maître.
Là le simple fait d’aller chez les voisins permet une autre vision.
Merci, c’est encore mieux que lire courrier international! ;)
@emachedé –
Il est clair que le traitement de l’information dans la presse aux USA est relativement moins partisane politiquement, elle embrasse une vision occidentaliste cela ne fait aucun doute mais il existe encore quelques traces d’informations qui sont traites de manière factuelle uniquement
@Baillargeon –
Quelle flatterie, je suis tout ému de la comparaison ;)
Mouais … Lors des émeutes en banlieue en 2005 les médias étrangers disait que ce qui arrivait en France était un deuxième mai 68, avouez qu’on en était loin.
Sinon je pense malheureusement que cela risque de refroidir les investisseurs étrangers qui voient cela a la télévision, je dirai joli coups des anglophones pour que les investisseurs privilégient leurs pays plutôt que le notre.
@Ferlin Léo –
les investisseurs se demandent surtout comment recuperer leur billes apres la fonte des neiges du cote de Wall Street ou pour ceux qui ont investis chez Maddof.
Mais votre remarque sur le coup anglophone est cocasse, les principaux concurrents a l’investissement en France ne sont absolument pas les USA ou l’Angleterre ( ou par ailleurs des manifestations ont aussi eut lieu la semaine derniere). Aujourd’hui les investisseurs investissent surtout dans l’achat de dette et a ce titre les manifestations n’ont guere d’impact sur les decisions d’investissement.