HADOPI vue des Etats Zunis

Les kiwis traitant du sujet de long en large (chez Toreador , Seb de Careagit, H16 sur Hashtable ou encore du côté de la Lettre volée d’Edgar , je me permet de faire une petite incursion sur le sujet de la semaine.
La loi création et internet dites HADOPI (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, tiens donc ils ont enlevés le D de droits dans HADOPDI…) est donc en passe d’être votée à l’assemblée par la majorité de droite et une partie de la gauche. Cette loi vise donc a restreindre via un dispositif de riposte graduée le téléchargement illégal d’œuvre musicale et vidéo ( je ne suis pas certain qu’il y ait mention des œuvres picturales au sens général du terme).

hadopi

Personnellement cette loi me laisse totalement perplexe quant à son champ d’action et son efficacité. Je vis en Californie ou la riposte graduée est déjà en place s’accompagnant sans équivoque d’une surveillance du trafic par filtrage. Toutefois il s’avère que la tentation du téléchargement est beaucoup moins forte dans ce contexte, certainement pas en raison de la réponse répressive aux activités illégales mais simplement car les industries ont évolué avec internet.

En effet HADOPI cible la musique et les films s’échangeant via les réseaux “peer to peer“, et  j’ai le sentiment que les réseaux comme youtube ou dailymotion qui diffuse à 80 % du matériel dont ils n’ont pas les droits ne sont pas vraiment inquiétés par le projet de loi, mais je peux me tromper. Concernant la musique, le piratage en ligne me semble être en voie de disparition, des sites comme last.fm, songza ou deezer apporte une réponse de financement global par la pub qui permet de faire découvrir mais aussi de promouvoir les artistes. En somme c’est un prolongement de ce que fut la radio avec tout ce qu’internet offre d’inter connectivité, la SACEM de débrouille alors pour prendre son du lors des diffusions via ces réseaux.  Si la musique continue à être piratée ce n’est pas par le biais d’internet mais par l’échange direct de mp3: Apple et son Ipod ne sont absolument pas étrangers à l’explosion de la copie numérique hors internet, mais n’est ce pas sur le même mode de développement que la cassette audio ?

En revanche concernant les films pirates c’est surement une tout autre affaire, il existe peu de circuits alternatifs à la multiplication des copies pirates autres que le web entre la sortie d’un film et sa distribution en DVD (occultons le piratage des DVDs même si c’est le véritable problème de cette industrie). Sauf que de mon côté de l’Atlantique aucune raison profonde d’aller chercher le dernier Batman ou le dernier épisode de Lost sur les réseaux peer to peer, car l’offre en ligne est la, indiscutablement. Lost est disponible dès le lendemain de sa diffusion télé sur le site de ABC, un paquet de films, de séries et d’émissions télévisions sont visibles via Hulu.com totalement gratuitement et dans une qualité DVD ou HD mais il y a encore mieux: Netflix, qui est un service du style Glowria (location de DVD par courrier avec durée illimitée pour une forfait mensuel) , ce service offre à partir de 9 petits dollars par mois un accès en ligne illimité, et même en HD pour certains films à plus de 11000 films (des grand classiques du cinéma aux blockbusters les plus récents…). Et c’est là ou le bas blesse, car je dois vous l’avouer l’offre des fournisseurs d’accès est archi nulle : peu de choix de provider suivant la localisation ( dans mon quartier , pourtant situé au cœur de Los Angeles je n’ai le choix que entre deux fournisseurs), des vitesses de connexions atteignant rarement plus de 12 Mb/s avec un service qui n’est pas toujours fiable et des prix exorbitants de l’ordre de 30 dollars pour du 3Mb sans abonnement cable ou téléphone (estimez vous heureux sur ce plan).  Et bien malgré cela l’offre sur le net s’est développé et je peux aujourd’hui profiter d’un film HD quand je le veux avec ma connexion de merde, c’est triste de voir que les FAI en France offre une connexion d’une vitesse inégalée mais qui reste inexploitée (sauf pour le piratage) par l’industrie de la création que ce soit la musique, le cinéma ou même les chaines de télévisions. C’est d’autant plus affligeant dans le cas de la télévision et en particulier pour France télévision, qui maintenant privée de publicité partiellement pourrait largement récupérer une part de ses pertes si elle diffusait en continu ses programmes sur la toile, et qui plus est, je serai ravi de pouvoir profiter de ce service.

C’est en lisant d’autres articles sur le projet de loi que j’ai voulu savoir si cette alternative d’offre globale forfaitaire type Netflix ou Hulu existait en France, et à mon grand désarroi je n’en ai trouvé aucune trace. Ai-je mal cherché ? Comment peut-il être possible que l’industrie du cinéma français soit aussi stupide pour ne pas s’adapter à ce marché et ainsi se sortir seule de la crise?

19 thoughts on “HADOPI vue des Etats Zunis”

  1. C’est intéressant parce que je pensais en premier à la musique sur Hadopi, et toi plutôt aux films. Il y a un point très intéressant que tu soulignes : aux Etats-Unis, il y a une industrie du film qui met en ligne avant tout le monde ses industries. En France, il y a le décalage sur les séries (un an pour avoir la série Lost ou je ne sais quoi) qui encourage le piratage.

  2. Tu poses la la bonne question. Toré a raison et a relevé la meme chose que moi.

    1. L’Industrie du cinéma (et de la musique ?) se préoccupe de propose rapidement (et c’est important) le catalogue en ligne !

    2. Les vitesses de connexions françaises ne sont pas utilisées au max.

    Cette loi HADOPI est en fait uniquement le dernier rempart d’une industrie qui ne sait pas comment s’y prendre avec Internet et les internautes…

    C’set franchement ridicule.

  3. “J’ai voulu” avec U et sans T (et non avec cul et santé) mais c’était surtout parce que cela faisait un bail que je n’étais venu te saluer.

    Mais s’il faut contribuer au débat, je pense que débat il n’y a pas : afin de préserver leurs rentes, les industries de la musique et du cinéma s’évertuent à laisser croire qu’échanger des fichiers sur internet s’apparente à du vol, plutôt que de s’adapter à la dématérialisation en mettant en place de nouveaux modèles économiques. ce qui est assez marrant de la part de ces apôtres du libéralisme : toute rente a vocation à disparaitre, soit par le simple jeu de la concurrence, soit via le progrès technique.

    il y a deux dizaines d’années, les monopoles dans les télécommunications ont de la même manière freiner des quatre fers devant la libéralisation du marché, l’émergence de la téléphonie mobile puis de la téléphonie par internet. Il s’agissait pour ceux-là aussi de conserver une rente. Peu osèrent toutefois prétendre que le GSM était un piratage, certains osèrent un peu plus pour ce qui concernait la téléphonie sur internet, ce n’était pas plus ridicule.

    Je télécharge sur internet parce que ça existe… et je n’ai aucune crainte pour la rémunération des artistes : il ne s’agit que de distribuer autrement, c’est-à-dire mieux, plus efficacement, les sommes considérables qui circulent dans ces industries. Il ne s’agit que d’allocations des ressources. Et si il y a une certaine misère pour les artistes lambdas, ce n’est certainement pas le public qui en est responsable – ainsi qu’on cherche à nous le faire croire.

    Culpabilisation et répression ne font pas une politique, encore moins un modèle économique. Ce ne sont que quelques forces réactionnaires qui sont ici, comme partout, à l’ouvrage.

  4. Le projet de “licence globale” présenté à l’assemblée a été rejeté suite à la pression des lobbyes de l’industrie de la musique.

  5. “ce qui est assez marrant de la part de ces apôtres du libéralisme”

    Les apôtres du libéralisme sont généralement hostiles aux droits d’auteurs (et aux brevets). Tu dois confondre avec les apôtres du capitalisme.

  6. Ou ils ont oublié le D, ou ils sont bel et bien en train de voter la création d’une Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection d’Internet. La vraie question est : protégé de qui ?

  7. @Boris Schapira
    Proteger Internet du progres que celui ci suscite peut etre ? J’imagine que cet oublie est directement lie a la prononciation de l’acronyme, et j’espere que la succession de la lettre P et D n’est pas la raison de cette petite manoeuvre, cela serait le comble du ridicule.

    @JVM
    Vous confirmez qu’il est impossible aujourd’hui en France donc pour une entreprise de location de DVD type glowria d’agrementer leur offre de la meme maniere que le fait netflix ? Je devrais ofuiller un peu plus pour savoir si netflix en a le droit du a une breche dans la legislation americaine ou parce qu’une loi leur en a donne l’autorisation.

    C’est certainement la premiere fois que j’espere qu’un lobby americain arrivera a faire plier une industrie francaise, mais j’emets le souhait de voir Apple ou les majors US de films et musiques faire pression sur le gouvernement français afin de pouvoir trouver un axe de diffusion a la netflix ou facon apple TV+itunes streaming. Ce serait une belle lecon pour le legislateur francais d’etre pris entre deux lobbys.

    @Seb de CaRéagit@Toréador
    Effectivement j’ai le profond sentiment que le piratage de la musique est devenu tres marginal sur la toile, personnellement je n’ai pas recupere un mp3 depuis 4 ans peut etre. l’offre en ligne me sied car j’ecoute surtout de la musique au travail devant mon ordi. Et il est evident que la majorite de la dupli numerique se fait d’ipod a ipod, un album etant partage maintes fois tout comme dans les annees 80 se pratiquait la copie de cassette audio :), avec le maintien de la qualite ne plus.

    Le protectionnisme de l’industrie du cinema francais n’est qu’un rideau de fumee pour eviter la remise en cause concernant les raisons de son maigre succes, que ce soit au box office ou en DVD. Le milieu du cinema francais, que je connais bien, souffre d’une arrogance maladive, quelquechose de l’ordre de la tumeur. Plutot que d’essayer de conquerir une audience plus large, meme au dela des frontieres, celui ci regarde son spectateur comme un fan idiot feru d’emission tele realite plutot que comme un public critique et en attente de qualite. Alors voir l’industrie du cinema freiner son adaptation a un marche qui a mon sens peut leur offrir plus de debouches, plus de diversites et un public plus large est tres caracteristique de ce conservatisme autant artistiques que structurel. Tout cela a quelques exceptions prets tout de meme …

  8. Merci pour ce billet fort éclairant !

    Encore une fois, on peut constater que la France n’est pas le centre du monde (ouf) et que ce qui se fait ailleurs montre qu’on peut trouver des solutions qui fonctionnent suffisamment bien…

    Une solution de téléchargement illimité, comparable en qualité et en coût, existerait en Europe, compte-tenu de la qualité des lignes, il va de soi que le piratage diminuerait de façon sensible : pourquoi s’em*rder à attendre des heures le résultat (parfois surprenant) d’un déchargement, le tout avec un risque de se faire serrer, alors que légalement, on peut voir le film qu’on veut, le soir où l’on veut ?

  9. @h16
    Juste une precision le service netflix ne permet pas de telecharger de film, mais de visionner en streaming sur ordi ou sur sa tele (via une xbox, les lecteurs de dvd derniere generation ou ou un boitier a 99 dollars). Donc la possibilite de distribuer le produit est de la meme limite sans pour autant nuire a la personne ayant paye son forfait de 9 dollars mensuel. C’est franchement tip top, et bien peu dans l’industrie hollywoodienne se sont plaint de cette offre car depuis la creation de netflix les revenus des ayants droits grace a la location de DVD ont redecolles. Pour ma part je n’ai pas le cable ni aucune chaine de tele, les streaming de hulu et des divers diffuseurs tele ainsi que netflix suffise a combler mon attente de loisir.

  10. La vraie solution ce serait qu ‘on puisse effectivement avoir acces a l’offre US. Je regrette de ne pouvoir avoir acces aux streaming depuis le territoire francais alors qu ‘habitant a NYC je sais effectivement que de seances de rattrapages en ligne me sont proposees a portee de clic.
    La gratuite d ‘internet est une notion bien trop averee pour que l ‘on puisse y revenir.

  11. Mouais… (ca vetu dire bonjour!),

    N’y a t-il pas un paradoxe, sinon une arnaque a vouloir nous vendre des dvds que finalment on ne regardera qu’une seule fois ? (perso les films que je regarde plusieurs fois doivent corespondre à moins de 1% du volume total visionné).

    Autreparadoxe, autre foutage de gueule, les films que l’on nous diffuse et rediffuse sur les chaines gratuites, vousz voyez bcp de nouveautés vous ?

    L’industrie ne semble pas souhaiter que le petit peuple ait acces a la culture cinematographique ni aux sorties recentes. Elle s’est effectivement bcp trop habitué à un modele economique injuste qui lui fait faire a mon avis bcp trop de plus value par rapport a ce que peut payer le citoyen.

    Concernant la musique, oui jiwa.fr ou deezer sont des alternatives positives qui permettent de contenter tout le monde… dommage que les radios majeures (celles que l’on peut capter pendant tte la duree d’un trajet au volant) ne nous diffuse tout le temps la meme chose en ne nous faisant strictement rien decouvrir de nouveau. Il y a la un vrai pb d’acces a la culture, aux cultures.

    Un modele interessant pour la musique a mon sens serait celui d’envisager que la musique elle meme n’est que le produit d’appel d’un artiste donné, considerant que ce qui doit etre vendu et paye par le consommateur c’est la prestation en live de l’artiste.

    Alors qu’on ponde des lois, qu’on mette des systemes en place pour nous empecher d’avoir acces a ces medias (auquel je n’aurais personnellement pas le meme acces si je devais tout payer aux prix fixés sur le marché), nulle doute que des solutions tech nous permettront de passer outre ces mesures, c’est la magie communautaire et cooperative du reseau.

  12. Les premiers mails ont été envoyés – c’est en tout cas ce qu’on dit les médias français -, avez-vous un retour sur un éventuel impact qu’ils auraient eu sur le téléchargement en Francez ?

  13. Le problème est que si les majors avait changé de modèle économique il n’en serait pas la.
    Pensez tout de même qu ‘un artiste comme Colin Hay n’est pas distribué en france alors que sa musique passe en boucle dans les pubs.

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