Les puissants de ce monde se réunissent à Londres pour dialoguer à la table de la reine (quel symbole), et les promesses d’avancées majeures pour réguler le secteur financier, les agences de notations ou les paradis fiscaux s’amassent comme autant de mots doux que le mâle en manque déblatère à l’oreille de l’ingénue, avant de la plaquer au mur… La moralisation (mot totalement inapproprié du fait même de la nature de l’objet à moraliser) du capitalisme est donc le sujet en vogue.
Habituellement en temps de crise, quand les victimes anciennement embourgeoisées commencent à joncher les rues en masse, il ne suffit pas de se contenter de réguler les éléments plus ou moins considérés comme responsables de la crise. Il devient primordial que les victimes reçoivent assistance. Or il est clair qu’à ce jour les responsables ont reçu bien plus de soin de la part des États et des banques centrales que les petites gens, ce qui nous amène désormais à retarder encore plus le ralentissement de cette récession sans précédent depuis 60 ans.
Il convient de noter ces quelques chiffres pour mesurer la différence entre l’action de Roosevelt durant le New Deal en comparaison avec l’utilisation sans limite de la planche à billet:
Galbraith rappelle en quelques chiffres: l’ampleur des efforts déployés par Roosevelt : 60% des chômeurs employés par les grands travaux de l’Etat. Un milliard d’arbres plantés. 2500 hôpitaux, 45 000 écoles, 7 800 ponts, plus d’un million de km de réseau routier et un millier d’aéroports construits ou rénovés. Sans oublier l’embauche de 3000 artistes, dont Pollock et de Kooning ».
Source Marianne dans un article fort intéressant
Comment pourrions nous ainsi croire à toutes ses promesses qui ne résoudrons pas la crise et seront mises au placard avant qu’une prochaine crise ne commence à gonfler, alors même que les beaux parleurs sont ceux la même qui ont été les acteurs de la dérégulation?
Le principe même de vouloir réguler les abus les plus répréhensibles n’a rien a voir avec la morale, il s’agit simplement d’un retour a une logique de profit a long terme, sans aucune remise en cause de ce que signifie en soit le profit et l’essence même du capitalisme.
Pour rebondir sur le sujet voici un petit documentaire de moins d’une heure, très bien ficelé à propos de la privatisation des services publics et d’EDF en particulier, avec une mise en parallèle de l’affligeante mise en abime du réseau électrique en Californie. Cette vidéo illustre brillamment le centre du problème du capitalisme globalisé: la suprématie de l’argent, du volume et de la quantité à court terme, sur la qualité, le service régulé et la satisfaction des besoins primaires à long terme.
Merci à Jacques, fidèle lecteur de ce blog pour m’avoir fait découvrir ce documentaire.
Finalement quitte à réguler et à vouloir refondre le système capitaliste, ne serait il pas totalement logique et morale d’interdire aux entreprises d’être capitalisées sur les marchés mondiaux afin d’anéantir la spéculation?
Autant vraiment refondre totalement le système, n’est ce pas Nicolas?
Il faut de toute façons trouver un moyen de tuer la spéculation inutile, nuisible à l’ordre social et sources de bulles à la con toutes les X années, et celle là qui sera payée par tous. Alors que les 150 a 300 000 fumiers resteront pour la plupart à l’abri.
Bon d’abord la spéculation me semble être un fait “naturel” sur les marchés. Le raisonnement d’investissement implique toujours une réflexion profonde sur les perspectives qui peuvent influer sur notre investissement et son résultat. Je vois mal comment empêcher cela. Ce qui est plutôt piquant, c’est de ne pas entendre les politiques qui profitent des différentes bulles pour s’asseoir royalement sur la croissance en la faisant leurs. Par contre, dès que le système déconne, la faute et les fautifs deviennent facile à trouver.
Par rapport à ta conclusion, elle est à la fois d’une rare démagogie et surtout terriblement inapplicable ! Penses tu sérieusement fermer la vanne des crédits venants des marchés ? Faire cela c’est tuer l’investissement à terme, lorsque les taux remonteront et que les entreprises désireuses d’investir chercherons d’autres options que le simple prêt bancaire (celui la même qui ne compte que pour une petite partie des financements de grands projets de nos entreprises mondiales !)
En revanche le système ne fonctionne plus en l’étât (enfin on fait croire que). Modestement, j’ai posté mon analyse perso de la situation et du pourquoi tout cela se bloque.
Tu es le bienvenue dans le débat.
PS: Je vais te linker dans le billet commun Kiwis. :-) A de suite sur Twitter. :)
@Seb de CaRéagit –
Je ne suis pas certain que l’on se soit compris
je ne dis pas qu’il faille interdire l’investissement dans l’entreprises , ni que les matieres premieres ne puissent etre echangees sur les marches boursiers en fonction de l’offre et de la demande (en constituant des mesures restrictives pour par exemple empecher les hedges funds d’investir dans ce marche). Non l’idee est simple: une entreprise ne devrait etre capitalisee que par des investisseurs de long terme et non pas au travers du systeme boursier qui fonctionne comme un casino.
La speculation est naturelle, mais la speculation boursiere est virtualiste, ce qui denature totalement son attachement a la logique du resultat. Rend toi compte Apple perd 25 % de son capital en un jour en 2008 le jour ou ils annoncent des beneficent record tout en previsionnant un resultat pour 2009 en baisse par rapport a 2008… On marche sur la tete quand meme…
Bernard Maris semble partager ce point de vue a un certain degre:
J’ai lu il y a fort longtemps, une analyse fort intelligente de ce phénomène de la part de Bébéar puisque de Buffett. Je vais essayer de remettre la main dessus pour faire perdurer cette petite tradition d’échanges de connaissances :)
Toujours d’actualité, plus de 8 mois après..
Merci pour le documentaire. C’est vrai que c’est encore d’actualite meme longtemps apres.
et toujours d’actualité avec ce qui se passe en Grèce aujourd’hui!
Je découvre Café-Croissant et apprécie ce troquet où le garçon est sympa et les portions généreuses!