Pêcher jusqu’à en faire crever tout poisson frais…

Régulièrement le “problème des pécheurs” revient sur le devant de la scène, quand le prix du pétrole monte, ou que l’Europe légifère sur les quotas.
Et bien sans pour autant isoler le fait que les salariés de la pêche industrielle soient en droit de réclamer des conditions de travail décentes et la pérennité de leur emploi, j’aimerai attirer l’attention sur le fait qu’un retour a une pêche artisanale massif se fait de plus en plus nécessaire et que c’est par ce biais que cette profession pourra se maintenir et non pas via une course en avant vers le saccage de la faune aquatique.
Pour ce nouveau coup de gueule sur l’industrie alimentaire je me permet de vous diffuser
un nouvel extrait de “we feed the world” , docu toujours incontournable …

Il convient de rajouter quelques détails pour comprendre les différences entre pêches artisanale et industrielle.

On distingue plusieurs types de pêche professionnelles :

  • la pêche artisanale ou côtière est la plus diversifiée et occupe de nombreuses personnes. Elle concerne des bateaux de petite taille (6 à 25 mètres) et de nombreuses techniques, pour une marée durant quelques heures à plusieurs jours, avec 2 à 15 hommes d’équipage par bateau.
    La pêche artisanale n’est pas forcément côtière. Un artisan est un armateur qui possède au maximum deux navires d’une longueur maximale de 24 mètres. Ce genre de navires, bien qu’artisans, font de la pêche hauturière.
  • la pêche industrielle ou hauturière fournit l’essentiel des captures en poisson et autres ressources halieutiques. Elle se déroule surtout sur des chalutiers de 30 à 50 mètres pour des marées de 10 à 15 jours (sur la plupart des plateaux continentaux et façades maritimes (dans les petites mers telle que la Méditerranée, les sorties sont souvent réduites à 24h). Le poisson est très souvent conditionné à bord. On compte 10 à 25 hommes par bateau.
  • la grande pêche se déroule en haute-mer pour des campagnes pouvant durer plusieurs mois, sur des bateaux atteignant 110 mètres de long, avec un équipage comptant jusqu’à 60 hommes dans le cas des navire-usine transformant le poisson à bord.

Source Wikipedia.

Selon les statistiques de la FAO, le total des pêches mondiales en 2000 est estimé à 142,5 millions de tonnes dont 96,7 destinées à l’alimentation humaine, soit une disponibilité de 16,2 kg par habitant. En 2004, la production a encore augmenté avec 155,8 millions de tonnes. 16.2 kg de poisson par an !!… évidemment les 6 milliards d’individus sur terre ne consomment pas tous du poisson ce qui nous donne probablement dans les pays développés ( + pays en développement) une consommation de l’ordre de 30 kg de poisson en moyenne. Ce qui est énorme, d’autant plus que la moitié de cette production n’est probablement pas consommée.

Les prélèvements en mer on tendance a diminuer en volume désormais puisque le poisson s’y fait plus rare, ce qui est compensé par l’élevage de poisson en ferme aquatique.

Outre le problème de la disparition éventuelle de l’artisanat dans ce métier, outre la perte de qualité de ce que nous mangeons que ce soit pour le gout mais aussi pour ses vertus nutritives, il devient impossible d’occulter le problème de la surpêche ce qui nous amène doucement, d’après une étude parue en 2007 par le magazine Sciences (Vol 314), vers la disparition totale du poisson sauvage vers le milieu du siècle. Cette surpêche a une part de responsabilité non négligeable dans cette projection qui couplée a la pollution maritime ( présence massive de métaux lourd dans nos océans) semble nous diriger vers un véritable désastre écologique mais aussi économique.

Alors encore une fois changer nos habitudes de consommation peut aider, même de manière infime, a réduire la demande en dirigeant nos choix vers l’offre de la pêche artisanale et non vers la pêche industrielle qui termine très souvent dans nos assiettes sous forme pané et carré.

12 thoughts on “Pêcher jusqu’à en faire crever tout poisson frais…”

  1. Ce qui est vrai pour la pêche l’est aussi à mon sens pour l’agriculture : cultivons selon nos besoins et régions et évitons la surproductivité, néfaste pour la terre, l’économie et favorisant le gachis et les inégalités ( subventions, etc … )

  2. C’est pas si simple, l’élevage pose également de lourds problèmes environnementaux. Les parcs à saumon d’élevage, par exemple, sont destructeurs pour leur écosystème car pour obtenir un rendement industriel, ils sont entassés, gavés, et pour contrer les parasites qui pullulleraient, le parc est copieusement arrosé d’antibiotiques qui détruisent au passage la base de la chaine alimentaire (phytoplancton et le zooplancton) du lac ou de la rivière qui l’héberge.

    Je ne doit pas être le seul à penser que continuer sur le principe libéral “les ressouces naturelles appartiennent à ceux qui les exploitent” mène à un saccage irrémédiable de masse de notre patrimoine et de celui de nos enfants. Il serait d’ajouter au même niveau que le crime contre l’humanité, celui de crime irrémédiable contre la nature, et mettre à genoux devant là réalité de leurs actes, ces barbares écosystémique, qui sévissent encore en toute impunité grâce à la complicité des dirigeants politique.

  3. Très bon article ; le problème se pose malheureusement que ce soit pour la viande, le poisson, les légumes…
    Je pense qu’il est urgent de donner une véritable éducation au goût aux gens et en particulier aux enfants…

  4. @Olivier : Je ne crois pas non plus que l’elevage soit une solution car celui ci est intensif. Non le mieux est de reguler la consommation a la baisse et surtout le gachis qui l’accompagne. Nous ne consommons pas la moitie des produits que nous conditionnons a la vente…et je ne parle meme pas des pertes en amont

    @Camille, tout a fait le probleme est a tous les niveaux de l’alimentation. Et je m’evertue de le clamer regulierement :
    http://cafecroissant.fr/2008/elevage-intensif-de-poulet-vous-cautionnez/
    http://cafecroissant.fr/category/alimentation/

    Il est aussi urgent d’informer, car finalement le sujet de l’industrie alimentaire est presque devenu un tabou ses 20 dernieres annees. Par ailleurs pour influer, la premiere des chsoes a faire c’est de policer ses propres choix de consommation ( sans tomber dans un extreme inverse). Consommer moins et mieux.

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