John McCain a donné Jeudi dernier son discours d’investiture en tant que candidat Républicain à la présidence des États-Unis, discours historique puisque ayant reçu la plus forte audience de tous les temps pour une investiture (près de 40 millions de téléspectateurs). Le discours fut long, et ne fut que condescendance, exposition biographique, et l’étalage d’une pile de mensonges non négligeables noyant l’absence de propositions concrètes dans un océan de calomnies éhontées. Toutefois depuis, les sondages rebondissent en faveur de McCain, probablement plus en raison du discours de Palin le jour précédent, mais la tendance au référendum pour Sarah Palin est inquiétante, nous y reviendrons en fin d’article.
Voici son discours dans son intégralité (en 5 vidéos), suivi de quelques analyses complémentaires:
Partie 2 – Partie 3 – Partie 4 – Partie 5
Plusieurs thèmes se dégagent du discours : un ton guerrier et hiérarchisant centré sur la biographie de McCain, le prisonnier héros de guerre, la récupération du thème du changement à Washington ce qui est le centre de la campagne d’Obama, la présentation d’une liste de propositions floues mises en opposition aux propositions d’Obama. Le tout enrobé de la diction poussive et somnolente de John S. Mc Cain.
On notera au bout de 10 minutes de discours l’intervention d’un militant pacifiste vétéran de guerre dont les protestations se feront couvrir par la foule scandant “USA, USA, USA” et grâce auquel McCain se permet un trait d’humour dont les républicains raffolent ( le rabaissement des pacifistes comme étant des nuisibles) : “My friends, please do not get diverted by the ground noise in the static“. Méthode remarquable d’appuyer les quelques phrases précédentes de son discours qui appelaient a ce que les courants politique se respectent… Je n’évoquerai pas dans le détail les multiples arrestations de manifestants pacifistes en marge de la convention Républicaine, qui devraient toutefois nous renvoyer à cette question : un pays démocratique interdisant toute forme de protestation publique est-il toujours une démocratie ?.
1 – Leading US to fight
Dés le début du discours de McCain l’objectif est clair, le candidat veut se définir comme un leader, un battant, thèmes que les républicains adorent par dessus tout :
“dans ma vie, je n’ai rien obtenu sans une bonne bataille” (au sens le plus large du mot fight)
Les termes “lead” et “fight” sont présent tout au long du discours. On est loin de l’appel à l’Union d’Obama.
Dans la forme, le slogan est simple, le même rabâche par tous les candidats Démocrates ou Républicains “je me battrais à vos côté, pour vous”.
“Je me suis battu contre les lobbyistes qui ont voulus dépouiller les tribus Indiennes, je me suis battu contre les entreprises de tabac, de pharmaceutique et contre les patrons syndicaux ( yeahh) … Je me suis aussi battu pour la bonne stratégie et l’augmentation des troupes en Irak quand ce n’était pas une décision populaire à soutenir” … Acclamations nourries du public
Nous n’éviterons pas le matraquage sur l’Irak, Al Qaida, le danger que représente l’Iran, sans surprise. Mais McCain insiste aussi sur la Russie et évoque la guerre froide, tout en fustigeant l’invasion de l’armée Russe en Ossetie, adoptant une position de dominant. Ce qui le conduit à affirmer qu’il est préparé et qu’il est le leader qu’il faut aux USA, contrairement à Obama, lui, a les blessures de guerre pour le prouver (sic).
La fin du discours centre l’attention sur la biographie du candidat et son passé de prisonnier de guerre au Vietnam. Sujet dont les américains sont friands, ils adorent les héros ou tout du moins une certaine vision du héros. McCain faisait partie de l’aviation et a été fait prisonnier après 23 missions. Si l’on change de perspective McCain a donc participé au massacre de centaines de civile, femmes et enfants, mais cette vision, cette concrétisation des actes ne prends pas forme dans l’imaginaire collectif des citoyens américains. L’évocation de la prison, du héros, du leader galvanise ainsi les foules républicaines et c’est sur la thématique guerrière que se termine le discours à grand coup de “fight for” et de “stand up”.
2 – Le changement a Washington
Vient l’annonce du changement à venir à Washington avec pour principal argument l’introduction de son meilleur atout : Sarah Palin, qui est probablement la clef du scrutin de Novembre, tant sa présence a bouleversée l’ordre de la campagne.
Et la vision du changement se dessine: “on va récupérer la confiance des américains en remettant au centre de nos objectifs les valeurs que les américains admirent , celles du parti de Lincoln, Roosevelt (jolie pirouette : il parle de Théodore et non du démocrate Franklin Roosevelt) ou Reagan va revenir à ses racines “. En somme le changement est un changement vers le passe… Il en rajoute en soulignant qu’il croit en une défense militaire forte, il croit au travail, à la foi, au service, à une culture de la vie (seconde pirouette pour implicitement soutenir les prolife anti-avortement qui rallie son ticket en masse depuis la nomination de Palin). Difficile de vraiment cerner la vision du changement, puisque rien de précis n’est énoncé.
Essayant d’avaliser son propos, McCain rappelle qu’il s’est battu contre les dépensiers invétérés du gouvernement, il a pourtant voté à de maintes reprises pour l’augmentation des taxes durant la présidence Bush pour soutenir l’effort de guerre en Irak et de renchérir en affirmant que sous son mandat, la première personne demandant des fond injustifiés à ses yeux et qui aura pour effet de dilapider l’argent public sera rejetée et que son nom sera rendu publique. Intéressant quand on sait que Sarah Palin a obtenu de Washington une enveloppe énormissime (27 millions de dollars) pour un État aussi peu peuplé que l’Alaska. Ce qui représente une aide fédérale de 300 dollars par individus alors que la moyenne nationale ne dépasse pas les 30 dollars par personne sur l’ensemble du territoire.
Le changement proposée pour le résumer est d’en faire moins à Washington et de donner plus de liberté aux individus: le mensonge perpétuel des Républicains qui promettent toujours de réduire l’influence de Washington auprès d’électeurs crédules qui ont toujours finit par voir leur droits se réduire sous Reagan ou sous Bush ( le patriot act étant probablement le plus grand choc des 10 dernières années)
3 – Des propositions ?
Pour lancer des propositions il décide de s’appuyer sur celles du camp adverse, et là le festival de mensonges s’enclenche :
- “Je vais garder les taxes basses et les réduire au niveau ou je pourrais“, on ne peut pas rester plus flou, et cela ne signifie absolument pas une baisse de taxe pour la middle class ou les plus pauvres. Et il enchaine en disant “mon adversaire les augmentera” tout de suite suivi des hués du public. Premier mensonge, Obama ne compte pas augmenter les taxes, il a promis de les baisser pour 95 % des foyers (excluant les 5% les plus riches).
- “Je vais baisser les dépenses du gouvernement, mon adversaire les fera augmenter” . La dépense principale du gouvernement va pour le financement de la défense, Obama en retirant les troupes d’Irak va pouvoir dégager de la facture fiscale une somme énorme qui va fortement réduire les dépenses du gouvernement et aussi de baisser l’imposition.
- “Ma baisse d’impôt va créer des emplois, sa hausse d’impôt va éliminer des emplois“. En somme cela signifie que McCain compte baisser les impôts des plus riches afin de relancer les investissements pour créer de l’emploi. Bien entendu si il connaissait un peu mieux la conjoncture actuel il comprendrait que sa logique est caduque et que Washington aujourd’hui injecte plus de denier public que jamais pour pouvoir maintenir a flot l’économie et les emplois. Dernier exemple en date, la prise de tutelle gouvernementale des préteurs immobilier Fannie May et Freddie Mac ce week-end.
- Concernant son plan de santé, il compte rendre l’accès plus facile, sans dire par quels moyens, et surtout l’oppose à la proposition d’Obama qu’il considère comme un plan de santé ou les bureaucrates feront la liaison entre le patient et le docteur. Quand on a vécut le système de santé américain on ne peut que se réjouir des propositions d’Obama en ce sens, mais le terme bureaucrate est un déclencheur de peur chez l’américain moyen, allergique aux administrations… Je ne comprendrais jamais cela vu à quel point les administrations privées des assurances de santé sont d’une plates incompétences et n’ont pour seul objectif que la maximisation du profit sur leur client ( en refusant des remboursements a postériori ou en limitant l’accès aux soins les plus normaux par exemple)
- Seul proposition concrète et chiffrée : l’augmentation de l’exemption d’imposition accompagnant la charge d’un enfant, passant de 3500 a 7000 dollars. En somme si vous avez un enfant la taxe sera calculée sur votre salaire moins 7000 dollars. Ce sera la dernière mesure précise énoncée et il faut le dire celle qui va probablement remettre les USA sur les rails de la prospérité (sarcasmes)
- Il veut couper le financement de programmes sociaux pour que le contribuable puisse dépenser ses sous comme il l’entend. Pour être clair c’est la porte ouverte à l’arrêt des aides locales permettant la réinsertions dans les quartiers, le soutien au prisonnier, aux SDF etc…en somme tout ce qui bénéficie aux minorités et ne bénéficie pas au consommateur. Mais dans le même temps il annonce de très nombreuses dépenses publiques supplémentaires : le financement de formations transitionnelles payées en dessous du salaires minimum dont la différence sera prise en charge par l’État en vue de qualifier la main d’œuvre licenciée dans un nouveau secteur, il parle des grandes usines de l’industrie automobile qui virent à tour de bras, tout cela a un petit gout de RSA dans l’habileté à créer de la main d’œuvre moins chère et subventionnée par l’État, offrant ainsi une part de profit plus important a l’employeur. C’est une habitude très Républicaine d’injecter les fond publics dans la sphère du privée.
- Concernant l’éducation, la solution tiendrait en deux changements : offrir le choix aux parents d’inscrire leur enfant à l’école qu’ils désirent. Et pour remonter le niveau il compte tout simplement virer les professeurs qui ne seraient pas suffisamment compètent ( sur quels critères , nous ne les serons pas).
- Il veut couper le financement en politique internationale bénéficiant à des pays tiers à hauteur de 700 milliards de dollars/an … J’aimerai bien comprendre ce qu’il signifie exactement, est ce relatif à l’achat de pétrole à l’étranger, je n’en suis pas certain et c’est un point de son discours que j’aimerais éclaircir.
Et pour pallier a ces dépenses il annonce un plan d’énergétique permettant de forer en haute mer, et annonce ” nous allons forer dés maintenant” , plus de nucléaire , plus de charbon “propre” , plus de solaire etc… en somme le plan d’Obama mais dans le sens inverse. Et il ajoute que les américains ne sont pas assez stupides pour penser qu’on puisse se passer de forer ou de créer des centrales pour répondre à la crise. Et donc cela se confirme les américains épousant sa thèse son bel et bien stupide car un forage ou une centrale ne sont pas exploitables avant 5 à 10 ans après le début du projet…
Conclusion
Finalement, malgré ce discours très médiocre et creux, la machine Républicaine a tout de même récoltée l’approbation de sa base électorale. Principalement grâce à l’audace du choix de Sarah Palin comme vice-présidente. Que McCain n’ait pas de propositions, qu’il n’incarne que la continuité de la politique de Bush (dans les grandes lignes car il faut aussi reconnaitre une certaine dissidence à McCain entre 2000 et 2004), que son seul programme tienne dans l’analogie entre le rôle du leader et celui du héros de guerre, rien de tout cela n’affecte l’adhésion de ses troupes qui sont aujourd’hui totalement séduit par le ticket McCain-Palin.
Et dans ce ticket une inversion s’opère. Aux journalistes qui interrogent les Républicains sur l’inexpérience de Palin en tant que Vice-présidente potentielle, ceux ci répondent qu’ils n’auraient aucun soucis à la voir prendre le rôle de président en cas de décès de McCain. Une telle approbation aveugle, sur la simple plastique de Palin et sa biographie de “hockey mom”, fait froid dans le dos et pour cause, dans cette vidéo par exemple, elle considère la guerre en Irak comme une tâche répondant à la volonté de Dieu, puis appelle le soutien de son église par la prière afin d’obtenir la construction d’un pipeline en Alaska répondant encore une fois à la volonté de Dieu. C’est surement cet extrémisme très appuyé concernant son engagement religieux que les Républicains essayent de modérer en isolant Palin des médias , elle n’offrira qu’une seule interview à ABC cette semaine et cela dans le cadre de son domicile, ce qui ne peut être considéré comme un exemple de spontanéité.
Obama en revanche a répondu à une interview ce week-end qui est désormais au centre d’une nouvelle polémique suite a l’interprétation douteuse d’un intervieweur. Les termes “ma foi musulmane” sont d’ores et déjà mis hors de leur contexte sur tous les blogs pro-Républicain et alimentent la propagande anti-Obama.
Pour l’instant je reste confiant dans la victoire d’Obama, la tendance est positive sur le vote électorale mais cela bouge très vite, et cette volatilité n’est pas bonne pour Obama. Le renversement actuel est très inquiétant puisqu’il pourrait entrainer la politique américaine dans des travers bien pires que ceux ou Bush nous laisse. L’inquiétude monte dans le camp démocrate.
Pour se rassurer, n’oublions pas de regarder McCain faisant la girouette.
Je crois aussi (mais surtout, j’espère!) qu’Obama va finalement remporter les élections le 4 novembre prochain. J’ai rarement vu une campagne aussi négative que celle menée par McCain. Le choix de Sarah Palin comme vice-présidente du ticket républicain est un choix politique destiné à couper l’herbe sous les pieds de Barack Obama, notamment en ce qui concerne le vote féminin qui a d’ailleurs commencé à se tourner vers McCain… La tactique a donc fonctionner. Maintenant, il est grand temps que Barack Obama se ressaisisse et change de stratégie, faute de quoi il risque réellement de perdre les élections. Pour cela, je pense qu’il doit avoir l’humilité d’accepter de se faire aider par le couple Clinton, ce qui implique “oublier” les coups reçus (et donnés) durant les primaires. On verra bien, ce jeudi 11 septembre, ce qui sortira de positif de la réunion entre Obama et Bill Clinton. Croisons les doigts!
Mc Cain a quand même tous les élécteurs de la frange réac et populiste des USA, ça va être serré cette éléction, vous ne croyez pas?
à priori Obama n’a plus aucune chance, surtout que les relations russo-américaines se dégradent de plus en plus, et la CIA a bien remarqué que cela fesait le jeu de Mc Cain (attention je ne dis pas qu’ils font ça exprès…) ;)
ceci dit, bonne chance Barrack mais je n’y crois plus trop, après tout dans la vie on n’a pas ce que l’on mérite mais ce qui nous ressemble… et l’américaine actuelle ressemble pas à grand chose.